♣ Tim' ?! Uhm... attendez, non, il doit y avoir une erreur...

Sunny s'étira. Bon, d'accord, plutôt bruyamment, mais elle savait que ni sa mère ni son cousin n'étaient là. Il n'y avait qu'elle, c'est sûr, pour travailler sur des cours jusqu'à pas d'heure. Elle manquait d'envie de faire la fête en ce moment. Elle se sentait un peu... indifférente à tout ce qu'il se passait. Non pas qu'elle manquait de bonne humeur, c'est plutôt qu'elle se sentait plus mature. Elle devait s'occuper de son cousin et de sa mère maintenant. C'était elle qui gérait un peu tout, des factures à la nourriture. Elle était purement et clairement éreintée. En plus de ça, elle devait se retrouver à droite à gauche pour aller donner elle ne sait quoi à elle ne sait qui de la part d'elle ne sait trop qui non plus. Elle aurait donné n'importe quoi pour avoir une bonne nuit de sommeil. Elle bavait devant la simple idée de pouvoir se réveiller reposée et fraîche. Malheureusement, c'était sans compter sur le plus adorable professeurs de maths qu'il lui ai été donné de voir... C'est quand même ignoble de laisser une soirée à des élèves pour faire cinq pages entières d'équations.

Et cette cinquième page se rabattit sur la quatrième pour former un tas propre. La jeune Sunny fixa longuement le tas, puis soupira et sourit. Elle avait enfin terminé. Son regard se posa sur le réveil posé sur le bureau. Une heure du matin ? Déjà ? En même temps qu'elle levait un sourcil étonné, son portable sonna, faisant entendre le bruit des vibrations contre le bois du bureau.

Citation :: Vous avez un nouveau message.
De Timothy à 01h02 :

Suis au bar dans Lake Wiew. Peut pas rentrer trop fatigué. Viens me chercher stp.

Elle trembla. Encore ? Encore à une de ces stupides soirées ? Et naturellement c'est encore elle qui devait venir le chercher. C'est loin, Lake Wiew, de chez elle, il faudrait qu'elle prenne le métro, et sûrement la ligne rouge. Et à c'est heure là elle devait être remplie de poivrots et de sans-abris. Génial... Elle se laissa retomber un peu violemment sur sa chaise et relut le message. Il fallait tout de même qu'elle y aille, ne voulant pas l'obliger à rentrer seul. Surtout si "fatigué" signifiait "bourré", ce dont elle ne doutait pas.

Attrapant rapidement son sac et un manteau, enfilant rapidement une paire de chaussures, Sunny dévala les escaliers de l'immeuble et vérifia des deux côtés de la rue. Personne n'y était, ou en tout cas personne qui paraissait représenter un danger. Elle traça sa route à pied jusqu'à la station de métro en vérifiant constamment autour. Elle avait horreur de sortir seule la nuit. Sa main agrippait son sac, et le serrais pour évacuer l'angoisse. Elle avait peur pour Timothy aussi... Si jamais il lui arrivait quelque chose... Elle prit le bus avec une peur apparente. Vous n'imaginez pas à quel point c'est effrayant de se retrouver à une heure et demi du matin dans la nuit, dans le métro, avec un vieux barbu qui vous observe d'un oeil explicite, avec un sourire en coin. La blonde se hâta de quitter la rame et de marcher d'un pas rapide jusqu'au bar situé à une centaine de mètres. Elle le connaissait, sa mère y allait souvent. Elle passa la porte incognito, chercha des yeux son cousin.

Les lumières qui éclairaient l'endroit étaient en mauvais état et peu nombreuses, elle eut donc du mal à apercevoir le visage des gens. Timothy lui apparut, elle pourrait reconnaître sa veste en cuir n'importe où. Son expression s'éclaira et elle se fraya un passage parmi les clients pour attraper son cousin par la manche et le tirer jusqu'au dehors. Elle tenta de lui parler le temps d'atteindre la porte.

« Tu... ça va ? Pourquoi tu m'as fais venir toute seule ? Apparemment tu peux marcher, t'as pas l'air si bourré que ça... Et puis, je t'avais dis de pas rester trop tard, j'tavais dis de rentrer avant minuit. Je croyais qu'on était d'accord Timmy ! »

J’étais éreinté. Mes muscles ne pouvaient pas en supporter plus. Mes jambes flageolaient sous mon poids, pourtant pas si élevé que cela. J’avais dansé toute la nuit dans cette discothèque. Ce n’était pas la mienne mais je ne me souvenais plus du nom. A vrai dire, je ne me souvenais plus de grand-chose si ce n’est des raisons de ma venue et de mes envies de débauche. Aujourd’hui faisait partie de ces jours où la mort de mes parents me semble omniprésente. Je pense à eux, au passé, au futur que nous aurions pu avoir s’ils n’étaient pas… décédés. Ce mot me semble si compliqué à prononcer… Je me sentais coupable de ce qui leur était arrivé, coupable d’avoir été aussi infecte avec eux depuis mon enfance. Jamais je ne leur avais dit que je les aimais, qu’ils comptaient à mes yeux… Et voilà comment j’en étais arrivé à envoyer un simple message à mon frère en lui disant que je ne pourrais pas assurer la direction de notre discothèque et que j’avais commencé à vagabonder dans les rues, une bouteille de vodka à la main.

Cela semblait ne déranger personne dans ce quartier bizarrement. J’aurais pu mourir sur place d’ailleurs que personne n’aurait réagi je pense. Enfin voilà, il était désormais aux alentours de sept heures du matin et les videurs commençaient à faire sortir tout le monde. Je savais pertinemment que je ne pourrais pas rentrer dans cet état. Je sentais la drogue à plein nez ainsi que l’alcool. Si j’avais été dans un autre quartier, je me serais déjà fait arrêté. J’envoyais un message rapide à une de mes « amies », Maxyne qui n’habitait pas trop loin en métro. Une demi heure plus tard, je frappais chez elle. Elle m’ouvrit et après, gros trou noir. Je ne me souviens plus de rien.

Je sais juste que je me suis réveillé vers 18 heures. Elle était déjà partie travaillé dans son club de strip tease. Elle m’avait laissé un mot sur la table, me disant de laisser les clés dans le pot de fleur en partant et de faire attention si sa sœur était là à ce qu’elle ne me voit pas. Je me levais sans me poser de questions, je n’étais pas vraiment en état pour le faire. Un mal de tête intense me frappa à la minute où je posais le pied sur le sol et je sentais instantanément qu‘il n‘allait pas partit de si tôt. Je ne perdis par une minute de plus et enfilait les mêmes habits que la veille pour ensuite partir, direction chez moi. Je me changeais pour mettre des vêtements toujours aussi sexy mais qui pueraient un peu moins et je repris la route en direction de Lake View.

Mes pensées étaient toujours aussi noires et l’envie d’oublier toujours présente. Je ne pris même pas la peine d’envoyer un second message à mon frère, quelqu’un d’autre le préviendrait bien que je n’étais pas là. Et après seulement quelques pas dans mon quartier préféré du moment, je ne pu m’empêcher d’entrer dans le premier bar qui fut sur ma route. J’y étais déjà venu auparavant et le barman savait pertinemment que si je demandais de l’alcool à forte dose, il ne fallait pas me déranger. Après avoir fait le nécessaire pour avoir un verre en main, je m’assis sur un tabouret du bar.

Et les heures tournèrent et tournèrent encore, tout autant que les verres que j’avais en main. J’avais depuis bien longtemps arrêté de compter. De temps à autre, je faisais un tour dans le bar pour tenter de parler avec d’autres personnes. J’avais toujours eu la chance de savoir formuler des paroles compréhensibles même en étant complètement fait et avec l’expérience, je ne titubais presque plus. En fait, on aurait pas dit que j’étais bourré, ou presque pas disons.

Soudain, alors qu’il devait être aux environ d’une heure du matin, quelqu’un m’attrapa par le bras. Je ne voyais pas vraiment la personne jusqu’à être dehors. Je ne remarquais que sa crinière blonde, que devait envier toutes les autres filles, mes yeux étaient trop embrouillés pour voir le reste. Elle me parla mais à ce que je compris, elle devait s’être trompé de personne. Je n’étais pas Timmy et ça n’avait jamais été un de mes surnoms.

EZECHIEL : Euh… ouais ouais, ça va… Mais qu’est-ce que tu fous à me tenir par le bras toi ? Je suis pas Timmy ou je ne sais trop qui que tu penses que je suis !